MES ENFANTS

BENOIT

         Il est né le 21 février 1943 à 10 heure du matin. Le samedi matin en lavant mon plancher, mes eaux ont crevé. J'ai appelé notre voisine, Madame Emile Couture ; elle est venue puis a envoyé sa fille Thérèse pour finir de laver mon plancher et pour rester avec moi tant que Philippe ne serait pas arrivé. Il travaillait dans le bois et venait cette fin de semaine. Il est arrivé à 6 heure du soir. Thérèse avait préparé le souper. Vers 8 heure, j'ai commencé à avoir des hémorragies. Philippe a alors appelé  l'infirmière Audet et à 1 heure du matin, il a appelé le Docteur Chabot car j'étais dans les grandes douleurs avec des hémorragies. Le Docteur a passé la nuit avec nous et le matin, j'avais des douleurs atroces et l'enfant ne venait pas. Cela a duré 9 heures et demie puis le docteur m'a endormi. Il a été obligé de prendre les fers, les forceps, pour aller chercher Benoit. Quand il me l'a montré, je pensais qu'il était pour rester la tête pointue.  On m'a rassuré que sa tête redeviendrait normale et que cela était dû aux fers. Je suis restée 8 jours sans pouvoir m'asseoir. J'étais toute brisée. Benoit a été baptisé dans l'après-midi. Son parrain fut M. Elzéar Bureau et sa marraine Grand-mère Busque.

         Au bout d'un mois, sa tête était redevenue normale. L'infirmière Audet est restée avec moi 15 jours pour m'aider. Ma servante était Madeleine Roy. Elle était bien bonne pour moi. Je l'aimais beaucoup. Elle est restée un mois et demi chez nous. Elle allait faire le train à ma place pour me permettre de me rétablir. Benoit était un beau bébé. Il pesait 10 livres et demi. Papa lui avait donné comme surnom " : Boudin".

         Un jour, je voulais aller à la messe et maman aussi. Henri-Louis "le Bé", s'est offert pour garder Benoit qui devait avoir environ trois mois. Au cours de la messe, le bébé s'est sali ; "le Bé" ne sachant pas trop comme le changer, l'a mis dans une taie d'oreiller qu'il lui a attaché au cou. Quand je suis arrivé, le bébé était graissé jusqu'au cou. Mon oncle riait de me voir le nettoyer. A 6 mois, il paraissait déjà comme un enfant de 1 ans.

         Une autre fois, lorsque Benoit avait environ 4 ans, j'avais gardé un mendiant à diner. Benoit prend le canne du mendiant et lui en donne un coup sur la tête. Ce dernier n'a pas fini son diner et est parti.

         C'est vers 4 ans que Benoit a commencé à conduire les chevaux. Philippe l'amenait partout. Un jour grand-père Bureau l'a amené chez mon oncle Willy à Berlin, aux États-unis. Il disait que les Anglais étaient tous des menteurs. A 6 ans, il a été opéré pour l'appendicite.

         Un jour, il avait environ 5 ans, il a vu partir Philippe pour la messe. Quelques minutes après, il est parti sur la route sans que j'en aie connaissance. Il a pris la direction du Lac. C'est M. Pitou Couture qui l'a rencontré et en le voyant tout seul sur la route, il lui a demandé son nom et où il allait. Il lui a répondu qu'il allait voir son père à la messe. Il lui a dit son nom et où il restait. Pendant ce temps, je le cherchais partout. Les voisins étaient venus se mettre à sa recherche autour de la maison. Tout à coup, nous voyons arriver M. Couture avec Benoit qui conduisait les chevaux.

         Une autre fois, il avait encore 5 ans, il m'a sauvé la vie. Philippe avait monté, dans le haut de la grange, une rangée de sacs de grains  d'une hauteur de plus de dix pieds de haut. Un des sacs avait été percé par les souris. J'étais en train de le recoudre lorsque toute la rangée de sacs de grain est tombée sur moi. Je me suis mise à crier et Benoit qui était dans la grange avec moi est sorti et s'est mis lui aussi à crier et à pleurer. Il criait  maman et il a amené Philippe dans le haut de la grande. Quand Philippe a vu les poches de grains sur moi, il s'est empressé de les enlever quand je n'arrivais plus à respirer. Il a fallu plusieurs minutes avant que je puisse reprendre mon souffle.

         Benoit a commencé à aller à l'école à 7 ans. L'école était voisine de notre maison. Il n'aimait pas les policiers et leur criait des surnoms. Je lui disais d'arrêter sinon les policiers viendraient le chercher. Un jour, un policier vient à la maison demander si j'avais vu un nommé Fortier. Après son départ, j'ai cherché Benoit ; il s'était caché en dessous de la remise. Je lui ai dit qu'il était venu  et que s'il continuait à leur dire des surnoms, il reviendrait le chercher. Il a cessé immédiatement.

         Lorsque nous vivions sur la ferme qui avait appartenu à Antonio Proteau, près du Lac Saint-Francois,  il est tombé  sur la tête, du haut d'un voyage de foin. Il est demeuré deux jours sans connaissance.

         Un matin de printemps, il regardait les draveurs travailler sur le lac et se déplacer sur les blocs de glace. Alors il a fait comme eux ; il est monté sur un bloc de glace ; mais il y avait du courant et il a été vite emporté. Son frère, Guy l'a vu s'en aller avec le courant et il s'est mis à crier. Je suis sorti et j'ai vu Benoit sur ce bloc de glace emporté par le courant. J'ai crié à un voisin, M. Ouellet et il est allé le chercher avec son bateau.

         A l'âge d'environ 12 ans, Benoit a été frappé par le tonnerre. Nous étions dans l'étable en train de traire les vaches et Benoit était sorti sur le tas de fumier pour l'étendre. L'orage avec tonnerre faisait rage et la porte donnant sur le tas de fumier ainsi que la porte à l'autre extrémité de la grange étaient ouvertes. A un moment donné, une boule de feu  est entrée par la porte donnant sur le tas de fumier ; elle est venue éclater au milieu de l'étable et en passant près de Benoit, elle l'a mis en état de choc. Il est rentré dans l'étable en criant. Pour le ressaisir, j'ai dû lui donner quelques bonnes taloches dans la figure. Depuis ce jour-la, il a toujours eu très peur du tonnerre et quand il y a orage avec tonnerre, il asperge les fenêtres avec de l'eau bénite pour se protéger.

         Une autre fois, il agaçait le coq. Ce dernier s'est fâché et s'est jeté sur Mireille. Pour défendre Mireille, Benoit frappe alors le coq avec un baton et le tue. Il ne s'en est pas vanté.

         Vers l'âge de 13 ans, il  travaillait sur la ferme comme un homme. Philippe qui ne pouvait plus travailler les champs à cause de son opération à l'estomac, lui avait  appris à labourer.

        

BENOIT À 6 MOIS

BENOIT À 2 ANS

BENOIT À 13 ANS

BENOIT À 17 ANS