NOTRE VIE DE FAMILLE
Dans la semaine suivant notre mariage, nous sommes allés voir le bungalow de Philippe. Germaine y demeurait. Une grande déception nous attendait. Beaucoup d'articles de ménage appartenant à Philippe avaient été volés. Il en avait eu une grand peine. Nous sommes revenus chez nous. J'avais dit à papa que je n'aimerais pas demeurer à Nantes. Papa me dit : "Aimerais-tu avoir une ferme" : Je lui ai dit " : oui,". Alors il a dit " : je vais en parler à Philippe".
Le soir suivant, nous en avons parler ensemble. Philippe lui a répondu qu'il aimerait bien avoir une ferme mais qu'il n'avait pas l'argent nécessaire pour le comptant. Papa lui a proposé d'aller en voir une. Le lendemain, il va lui montrer la ferme de M. Bernier, située au sommet de la grande montée, sur le grand chemin, à deux kilomètres du village, en direction de Courcelle. Cette ferme a plu beaucoup à Philippe. Papa lui a alors offert $ 600.00 pour qu'il puisse l'acheter en lui disant qu'il est jeune et qu'il doit faire vivre sa femme. Philippe était prêt à accepter l'argent à condition de pouvoir le lui remettre, car Papa voulait le lui donner. Papa lui a proposé en échange de prendre en pension pour un certain temps M. Bernier, Zénaide et Antonio Lapointe (10 mois). Philippe a accepté et ils ont passé le contrat le lendemain.
Une semaine plus tard, nous sommes allés à Nantes, avec Antonio et Henri-Louis chercher le reste du ménage appartenant à Philippe. Papa et Maman nous attendait chez M. Bernier pour placer le ménage. M. Bernier nous laissait ses deux chevaux et deux vaches. On a vendu le Bungalow et on a mis cet argent sur la ferme.
Papa nous a dit que nous avons besoin de plus d'animaux ; alors il nous a donné une jeune vache, 2 petits cochons, 6 poules et 2 moutons. Mais comme un membre de la parenté était jaloux, papa lui a également donné une jeune vache pour avoir la paix.
Durant l'été, Philippe a commencé à aller travailler aux États-unis. Il a continué ainsi durant les saisons mortes et moi, je faisais le train et j'élevais les enfants.
Au bout d'un mois, nous sommes allés à Saint-Ephrem. Grand-père Grenier ( le Père de la première femme de Philippe, Émelda) restait seul sur une ferme et Philippe lui avait dit qu'il avait été volé dans sa maison de Nantes. En effet, Grand-mère Grenier m'avait donné des couvertures de laine et des nappes de lin qu'Emelda avait brodé. Elle m'aimait bien. Elle m'appelait sa petite fille. Je la trouvais bien gentille. Elle est morte 15 jours avant la naissance de Benoit. Après sa mort, grand-père Grenier venait passer de temps en temps quelques jours avec nous. Nous avions toujours hâte de le revoir.
Quand Philippe était absent, j'avais un jeune garçon de 11 ans pour surveiller Benoit au moment du travail à l'étable. Ce travail était difficile : arracher le foin, traire les vaches et les nourrir. Surtout que j'étais toujours enceinte. J'avais mal au coeur durant des mois ; j'enflais souvent et je faisais des hémorragies à tout moment. Le bon Dieu m'a aimé et m'a aidé beaucoup.
La première année, Zénaide qui vivait avec nous, préparait les repas. Elle faisait très bien à manger. Quand Philippe revenait de son travail, les fins de semaine, il aimait bien l'agacer avec Antonio Lapointe à propos d'un nommé Lachance avec qui elle sortait. Elle l'envoyait se confesser. Nous nous plaisons bien avec nos pensionnaires, dont M. Bernier. J'ai eu de la peine quand ils sont partis. Nous avions de très bons voisins : Mme Achille Roy, Ti blanc Roy et M. et Mme Emile Couture. Ils étaient toujours prêts à m'aider de toutes sortes de manières.
Quand j'étais enceinte, je gardais difficilement mon manger ; et cela durait de trois à quatre mois. A l'intérieur de la maison, j'avais toujours l'impression de manquer d'air ; aussi je préférais travailler dehors.
A chaque fois que Philippe repartait pour le chantier, je pleurais et je demandais au Bon Dieu du courage. J'en avais pour 10 ou 15 jours à me sentir abattue puis je reprenais courage. Le soir, je tricotais des bas, des mitaines à Philippe pour passer le temps. Je me faisais un jardin et des carrés de fleurs.
Je remercie le Bon Dieu de m'avoir donné de bons enfants. J'ai fait mon possible pour leur montrer le chemin de l'église et de la prière en récitant le chapelet le soir. Quand j'étais au village, j'allais dire le chapelet avec les enfants au pied du Calvaire. M et Mme Couture ainsi que M et Mme Ouellet nous ont suivis.
Quand je portais mes enfants, j'allais souvent chercher les vaches au bout de la ferme. Durant ces longues marches, je chantais des cantiques à la Vierge Marie. Elle m'a toujours aidée et ne m'a jamais oubliée.
Quand les enfants ont commencé à grandir, ils m'ont beaucoup aidée à faire le ménage avant de partir pour l'école. Cela me permettait de coudre, tricoter ou faire du métier.
Quand mes enfants commençaient à comprendre, vers l'age d'un an, je leur apprenais à me montrer où était le petit Jésus. Et ils me montraient la croix. Vers l'âge de 2 ans, je les mettais à genoux sur mes genoux et je leur enseignais dire : " Petit Jésus, bénissez papa et maman et toute la famille." Un jour, lorsque nous vivions sur la ferme située à la tête du lac Saint François et qui avait appartenu à Antonio Proteau, à la suite d'une forte hémorragie, je suis arrivée presque bout de mon sang. J'ai également eu une fausse couche entre Thérèse et Charlotte.
On a habité sur la ferme Bernier 6 ans. Benoit est né sur la ferme Bernier. Guy est né en février 1944, chez M. Bureau où on a habité pendant un certain temps tout en conservant notre ferme. Pendant cette période, Philippe faisait des traines sauvages pour M. Bureau. À cette époque, il avait mal à l’estomac. Il a été obligé de vendre la ferme parce que le Médecin ne voulait pas qu’il travaille sur la fermme. On a acheté une petite maison au village dans la rue du Couvent. Pauline est née là et Philippe travaillait pour Ti-noir Bernier. On élevait des poulets dans la petite grande derrière la maison. Philippe se sentait mieux et il a décidé d’acheter une autre ferme. Il a achété celle d’Antoine Roy, sur la grande route, en direction de Courcelle, à trois quart de mille du village. Mireille est née là le jour de la fête de St Joseph. Laurent est également venu au monde sur cette ferme. Après deux ans, nous avons déménagé chez M. Proteau, une ferme presque qu’en face de M.Antoine Roy. Doris est né sur cette ferme, le 16 février 1958. On a eu juste le temps de le baptiser et il est décédé en venant au monde. Pendant que Philippe se rendait au village chercher une petite tombe, Laurent avait pris le petit bébé, décédé, dans ses bras et le bercait sur le divan et quand Philippe est arrivé avec la petite tombe, il ne voulait pas le mettre dans la petite tombe. Il disait : ‘ quand c’est donné, c’est donné’. Il a eu beaucoup de peine. C’est au cours de cette année-là que Lise s’est fait frappé par une automobile.
Un jour, M. Bureau, le beau père à Philippe, a convaincu ce dernier de vendre la ferme proteau et d’ouvrir un restaurant au village. On a acheté une maison près du l’Église et on a tenu le restaurant durant 3 ans. Philippe travaillait pendant ce temps chez Ti-noir Bernier. On a vendu parce que les filles voulaient aller à l’école à Sherbrooke. On a déménagé à Ascot Corner pour quelques mois, puis on a acheté une maison à Cookshire après que Philippe a commencé à travailler à la manufacture de laine de Beaudouin. À Cookshire, j’ai gardé longtemps de pensionnaires et j’ai fait du travail à domicile pour la manufacture de plastique.
Lise est revenu à la maison, à Cooshire à 16 ans. J’ai gardé Martin quelques années. Nous avons aussi gardé Soria (cliquer ici) Gaulin, fille de Dianne Gaulin. Elle avait 15 jours et on l’a gardée pendant 4 ans.
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NOS TROIS PREMIERS GARÇONS
NOS CINQ FILLES
PHILIPPE À 60 ANS
NOTRE FERME À LAMBTON
LE TEMPS DES FOINS

PHILIPPE AU CHANTIER